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Anciennes fouilles

mardi 25 août 2015

Historique des recherches sur le plateau de Gergovie.

par Thomas Pertwieser

Au XVIIIe siècle ont eu lieu les premières fouilles : elles se sont poursuivies tout au long du XIXe siècle. Nous ne possédons que des récits lacunaires de l’ensemble de ces découvertes.

Vers 1756, une tranchée est réalisée au milieu du plateau. Une fouille au Sud-Est du plateau a mis au jour un édifice rectangulaire orienté Est-Ouest renfermant une pièce carrée au sol en mortier de tuileau. Il est également fait mention de caves taillées dans le roc et d’un puits.


En 1765, une mosaïque blanche et noire est découverte.

En 1834, le conservateur du musée de Clermont entreprend de nouvelles recherches dont nous ne possédons aucune trace.

Dans les années 1850, plusieurs découvertes fortuites sont mentionnées comme des forges et divers outils ou encore des blocs de pierre taillée en grès.

Vers 1861, plusieurs sondages sont entrepris :
- Des murs faisant partie de l’entrée de l’oppidum sont dégagés (Porte Ouest) ;
- Deux gros murs parallèles et distants de 4 mètres sont mis au jour (quartier artisanal) ;
- Une partie de la villa Aucler est dégagée (pas loin du temple)) ;
- Les murs d’un bâtiment rectangulaire se dessinent (partie sud du plateau) ;
- Des maçonneries sont localisées dans les parcelles (centre du plateau).

Vers 1890, trois amphores sont découvertes ( près du quartier des artisans).

Vers 1930, en recherchant le rempart coté Nord, des fondations maçonnées sont dégagées.

De 1932 à 1937, se sont déroulés des travaux réalisés par Brogan (O.) et Desforges (E.) :

- En 1932, 1933 est réalisé une tranchée de 10 m de long (vers le centre du plateau) ;
- En 1934, la villa Aucler est plus largement fouillée.
- En 1934-1935, fouille dans la partie Sud-Est du rempart. Une tranchée, dans l’axe Nord-Sud, de
plusieurs dizaines de mètres de longueur coupe le rempart et la terrasse en contrebas.
- Les deux temples à périboles sont fouillés en 1935 et 1937.

En 1941 les fouilles reprennent sous la direction des enseignants et des étudiants de l’université de Strasbourg.

De 1945 à 1949 Michel Labrousse, chargé d’enseignement à l’université de Toulouse, prend le relais et publie des comptes-rendus réguliers dans Gallia.

En 1941, 1942, Jean Lassus et Jean-Jacques Hatt réexaminent le rempart Sud-Est, notamment la partie à l’Ouest de la section détruite par les cantonniers probablement vers 1922 lors de la réfection de la route.

De 1942 à 1944 : fouille des ateliers métallurgiques le long du chemin du village de Gergovie et ouverture d’un sondage (quartiers des artisans).

De 1944 à 1946, Michel Labrousse fouille au centre du site. C’est en 1947 que ce dernier

tente de retrouver une stratigraphie de l’occupation.

De 1947 à 1949, M. Labrousse reprend l’étude du quartier des artisans.

En 1974, deux sondages sont réalisés sur le flanc Nord du plateau, dont nous n’avons pas les résultats.

En 1982 et 1985 des fouilles de sauvetages sur une superficie de 125 m2 sont effectuées dans la partie centrale

du plateau. Six fosses antiques ont été mises au jour ainsi qu’une fosse d’épierrage moderne.

En 1991, Jean Michel Sauget reprend l’étude des deux temples dégagés partiellement. Des fragments de statuette

d’une déesse en pierre sont mis au jour.

En 2002 une fouille d’évaluation archéologique menée par l’Institut National de Recherches Archéologiques

Préventives (INRAP) est effectuée à l’est du plateau, à proximité de la Maison de Gergovie. Les vestiges d’un petit bâtiment, un lambeau de sol, un fossé et deux fosses datant du dernier quart du premier siècle avant notre ère sont découverts.

A partir de l’an 2001 des nouvelles recherches sur la question des fortifications de l’oppidum sont installées à la demande du SRA Auvergne.

La maîtrise d’ouvrage des travaux est déléguée à l’Association pour la Recherche sur l’Age du Fer en Auvergne (ARAFA) sous la responsabilité scientifique du Thomas Pertlwieser.

De 2001 à 2004 les fouilles se concentraient sur la partie sud-est des fortifications.

A partir 2004 la reprise de recherches sur la Porte Ouest est entreprise, en 2005 un sondage à la bordure sud fut installé.

Fernand Chirent en 1934.Membre du comité Pro Gergovia,il a beaucoup fait pour le développement de la connaissance sur Gergovie



Historique des fouilles des camps de César

par Vicent Guichard et Yann Deberge.

Les fouilles de 1862

C’est à Napoléon III, qui préparait alors son Histoire de Jules César, que l’on doit les premiers travaux de grande envergure pour tenter de localiser le lieu de la bataille de Gergovie. Informé par Marcelin Boudet (érudit local s’intéressant de près à la campagne de César en pays arverne ; sur le rôle de Boudet dans la préparation des campagnes de fouille de 1861 sur le plateau de Gergovie et de 1862 à ses abords, voir Boudet 1944 et dossier d’archive coté 3F161 aux archives départementales du Puy-de-Dôme) sur la localisation possible des fortifications, l’empereur, engagea par l’intermédiaire de son aide de camp le commandant Eugène Stoffel, des fouilles destinées à retrouver les traces du passage de l’armée romaine au pied de l’oppidum gaulois. En s’appuyant sur la description faite par César de la topographie des lieux ainsi que celle des retranchements romains, le commandant Stoffel, militaire de carrière rompu aux problèmes de castramétation, fit réaliser des tranchées destinées à recouper les lignes de fortification. Le commandant Stoffel, qui avait déjà oeuvré sur le camp de Mauchamp à Berry-au-Bac (Aisne) en 1861, disposait de moyens financiers et humains importants. Les fouilles débutèrent après la visite de Napoléon III sur le site, le 9 juillet 1862, et s’achevèrent, semble-t-il, au mois de septembre de la même année. Une photographie conservée au musée des Antiquités nationales montre toutefois une tranchée ouverte sur la colline de la Roche Blanche alors que les arbres sont dépouillés de leurs feuilles : s’agit-il d’une tranchée restée ouverte pendant l’hiver 1862-1863 ?

Stoffel décrit dans une lettre à Rice Holmes la méthode employée (Rice Holmes 1899) : "Je plaçais les ouvriers, avec pelles et pioches, sur plusieurs files, dans une direction perpendiculaire à un des côtés supposés du camp, les ouvriers de chaque file à 20 ou 30 mètres les uns des autres. Chacun était chargé d’enlever la couche d’humus sur deux pieds de largeur (soit 0,60 m) ... lorsqu’ils arrivaient sur le fossé ... après avoir enlevé la terre végétale ... ils ne trouvaient plus, comme précédemment, un sol vierge ; au contraire, ils rencontraient une terre meuble qui se détachait facilement, ce qui permettait de supposer qu’elle avait été autrefois remuée. Je faisais alors élargir la tranchée en lui donnant six pieds de largeur (soit environ 1,80 m) ... afin que les ouvriers pussent travailler plus commodément ; et ils approfondissaient la tranchée jusqu’à ce qu’ils rencontrassent le sol naturel. ... si on y était réellement (sur le fossé), on distinguait sans peine sur les deux bords de la tranchée ... le profil du fossé qui se détachait par la couleur de la terre mêlée sur la couleur de terre vierge qui l’encadrait." Lorsqu’un sondage révélait effectivement la présence d’un fossé, d’autres tranchées étaient alors effectuées à quelques dizaines de mètres de part et d’autre de celui-ci dans le but de suivre son tracé. Plusieurs de ces sondages ont été retrouvés lors de nos recherches notamment sur le tracé du "petit camp" où l’on en a dégagé sept. Cette méthode, peu différente de celle que nous avons utilisé, permit, en deux mois de retrouver l’ensemble des fortifications mentionnées par César. Les fouilleurs localisèrent le "grand camp", un vaste quadrilatère, sur le plateau de la Serre d’Orcet et le "petit camp", de taille plus modeste sur la colline de La Roche Blanche à environ trois kilomètres à l’ouest du premier camp. Le "double fossé" décrit par César fut, semble-t-il, retrouvé de façon plus ponctuelle sur la ligne de crête reliant ces deux points hauts du relief.

Il ne nous reste que peu de documents pour apprécier l’ampleur réelle de ces recherches. Aucun compte rendu de fouille, relevés ou plans ne nous sont parvenus. Excepté les deux planches publiées dans l’ouvrage de Napoléon III et une autre planche inédite (et peu informative) conservée au musée des Antiquités nationales, l’ensemble de la documentation relative aux fouilles a disparu, probablement lors de l’incendie des Tuileries. Un compte rendu relate la venue de l’empereur au mois d’août 1862 pour vérifier l’état d’avancement des investigations. Il aurait été enthousiasmé par les résultats obtenus sur le "petit camp" où, selon les dires de Stoffel, les fossés "remplis d’une terre mélangée d’humus et de craie, présentaient des profils qui tranchaient sur la terre dont ils étaient entourés" et satisfait par les travaux entrepris sur le "grand camp", qui étaient cependant déjà rebouchés. Plusieurs témoins contemporains, dont certains, comme l’érudit Mathieu, farouchement opposé à l’identification de Gergovie au plateau de Merdogne, témoignèrent à l’époque de la réalité matérielle des vestiges découverts (Mathieu 1864). Les nombreuses bornes en basalte, qui furent alors implantées à l’emplacement des ouvrages dégagés, constituent encore aujourd’hui le principal indice permettant de guider les recherches.

Le problème de l’identification des lieux de la bataille de Gergovie fut considéré comme réglé. Le plan qui fut dressé à cette occasion constitue encore aujourd’hui la référence pour ce qui est de la description de l’ensemble du système défensif.

Déjà contestés à l’époque par certains, les résultats de ces recherches furent par tous remis en cause après la chute du régime et le discrédit qui en retomba sur le fouilleur de Gergovie et d’Alésia.
Les fouilles de 1936-1939

Le Révérend Père Gorce, professeur au Séminaire de Clermont-Ferrand, entreprit entre 1936 et 1939 de vérifier les travaux effectués par les fouilleurs du second Empire. Assisté de quelques séminaristes, il procéda à l’ouverture de 48 tranchées implantées perpendiculairement au tracé présumé du fossé en s’aidant du bornage mis en place par Stoffel. Ces travaux permirent rapidement de retrouver les vestiges attendus aux emplacements prévus.

Les recherches de Gorce confirmèrent l’exactitude des observations effectuées lors des fouilles antérieures. Cependant, en deux points du "grand camp", le tracé du fossé qu’il mit au jour différait nettement de celui issu des fouilles de 1862. Au milieu du flanc occidental du camp, Gorce retrouva l’interruption figurée sur le plan de Napoléon III mais il mit en évidence un système complexe de fossés participant, selon lui, au dispositif d’entrée. Pour ce qui est du flanc nord, il proposa un tracé beaucoup plus sinueux que celui mentionné par Stoffel. Les résultats obtenus sur le "double fossé" ne sont quant à eux absolument pas probants.

En dépit de quelques interprétations discutables, ces travaux prouvent, photos à l’appui, la matérialité des vestiges mentionnés par Stoffel. Ils sont cependant difficilement utilisables, les plans et relevés publiés dans son ouvrage César devant Gergovie (Gorce 1942) étant imprécis, parfois contradictoires, et les interprétations proposées parfois abusives. De plus, aucune place n’a été faite au mobilier découvert, que ce soit pour dater l’ouvrage ou pour essayer d’en déterminer la fonction précise.
Les observations récentes
Des découvertes fortuites ont permi quelques observations.

Ainsi, en 1979, lors de la création de l’autoroute A 71, un fossé en forme de "V" fut observé (information orale J.-P. Daugas) à hauteur de la ligne de crête joignant la Serre d’Orcet à La Roche Blanche, à l’emplacement présumé du "double fossé".

A la Serre d’Orcet, au Tourteix, une opération de sauvetage portant sur un habitat de l’âge du Bronze (Loison 1985) permit l’étude d’un tronçon de fossé rectiligne sur une longueur de 18 m environ. Ce fossé, attribué initialement à la protohistoire récente, présentait un profil régulier en forme de "V" et une largeur d’environ 0,50 m. Son tracé (orientation et localisation) correspond en fait très précisément celui du fossé déterminant le côté est du "grand camp" mis en évidence par les fouilles anciennes.

En 1994, c’est au pied de la colline de La Roche Blanche, au lotissement "Les Terrasses de La Pialle" qu’un fossé en "V", large de 2,80 m et profond de 1,20 m, fut dégagé lors de la construction d’une maison individuelle. Ce fossé, dégagé sur environ 42 m, appartient vraisemblablement au dispositif de fortifications reliant les deux camps.

Mais c’est avec les fouilles récentes, que nos connaissances ont le plus évolué.